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La mémoire de Dominique Bernard célébrée à Arras, un an après l’attentat.

Le professeur de français avait été assassiné le 13 octobre 2023, poignardé par un ancien élève radicalisé islamiste. Le maire d’Arras est le seul à avoir pris la parole, malgré la présence de plusieurs membres du gouvernement.

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Le Monde avec AFP
Publié le 13 octobre 2024 à 13h16, modifié le 13 octobre 2024 à 15h53

Une foule assiste à la cérémonie d’hommage à Dominique Bernard, un an après son assassinat.
A Arras, le 13 octobre 2024. FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Avec une cérémonie tournée vers les arts, Arras, la foule, plusieurs ministres et des proches ont rendu hommage, dimanche 13 octobre, à Dominique Bernard,
le professeur tué il y a un an, jour pour jour, par un ancien élève radicalisé islamiste. La cérémonie a commencé à 11 heures, moment symbolique où Dominique Bernard, 57 ans, a été tué le 13 octobre 2023 de plusieurs coups de couteau par Mohammed Mogouchkov, Russe originaire d’Ingouchie, alors âgé de 20 ans.
« Il y a un an, l’attentat d’Arras retentissait dans la France tout entière, l’attentat d’Arras retentissait dans le monde entier. Nous étions suffoqués, nous
étions choqués, nous étions dans l’incompréhension, a déclaré le maire de la ville, Frédéric Leturque. Un an plus tard, nous nous devions d’être là. Un an
plus tard, nous lui devions d’être là. Un an plus tard, nous sommes ensemble, toujours debout. »

En présence de plus de 2 000 personnes, la cérémonie s’est tenue sur la place des Héros d’Arras (Pas-de-Calais), à l’endroit même où plusieurs milliers de
personnes s’étaient déjà réunies deux jours après l’assassinat du professeur.
Pensée avec les proches de l’enseignant comme une « séquence mémorielle culturelle », selon le maire d’Arras, la cérémonie a inclus différentes performances artistiques, d’une interprétation du quatuor K.285 de Mozart à celle d’une chanson de Damien Saez, Les Enfants Paradis. « Je ne veux plus de discours. Tout a été dit »

Une artiste française dessine une fresque en direct lors de la cérémonie à la mémoire de Dominique Bernard.
Le 13 octobre 2024, à Arras. FRANCOIS LO PRESTI / AFP
« J’atteste qu’il n’y a d’être humain que celui qui combat sans relâche la haine en lui et autour de lui », a lu un ami de Dominique Bernard, reprenant un texte du poète marocain Abdellatif Laâbi. Sur scène, une artiste a réalisé en direct une grande toile représentant une colombe s’envolant au-delà d’une forme bleu-blanc-rouge et des mots « Liberté, égalité, fraternité ».
Ont également figuré au programme des lectures de poèmes et de la danse contemporaine, qui visaient à mettre « en lumière les valeurs de la République, la liberté et le vivre-ensemble », avait souligné Frédéric Leturque. Le maire est le seul à avoir pris la parole, malgré la présence de plusieurs membres du gouvernement, dont les ministres de la justice, Didier Migaud, de l’intérieur, Bruno Retailleau, et de l’éducation nationale, Anne Genetet.

« Je ne veux plus de discours. A quoi bon ? Tout a été dit », expliquait Isabelle Bernard au Monde. « Il est hors de question » qu’il y ait une récupération
politique, affirme-t-elle aussi à La Voix du Nord, Le chef de l’Etat a tout de même salué le « courage », le « combat » et l’« amour du métier de professeur » de Dominique Bernard. « Tant de Français ont reconnu en lui l’un de ces enseignants qui changent nos vies », a ajouté Emmanuel Macron, estimant que « la République vit, à chaque aube, à chaque leçon, à chaque cours, grâce à eux [les professeurs] ».